L’INSPQ propose un modèle

Dans le cadre d’un avis scientifique portant sur les interventions efficaces en promotion de la santé mentale et en prévention des troubles mentaux, l’INSPQ (2008) propose un modèle conceptuel permettant d’évaluer la pertinence de mesures pouvant être mises en œuvre pour promouvoir la santé mentale et prévenir les troubles mentaux.

Ce modèle s’inspire du modèle de prévention d’Albee et Finn (1993) et du modèle proposé par MacDonald et O’Hara (1998) qui inclut des éléments de promotion. De plus, le modèle intègre les cinq stratégies d’intervention préconisées par la Charte d’Ottawa (1986).

Le modèle comprend dix catégories de facteurs reconnus comme des déterminants de la santé mentale. Il souligne l’importance d’augmenter l’influence des facteurs de protection et de diminuer les facteurs de risque, et reconnaît que la santé mentale est influencée par les caractéristiques individuelles, le milieu de vie et l’environnement des personnes. Il vise à atteindre autant l’ensemble de la population que les personnes souffrant d’un trouble mental.

Modèle conceptuel de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux

Modèle conceptuel de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux

 

De façon pratique, le modèle permet de comprendre la pertinence de toute mesure de promotion ou de prévention en matière de santé mentale. Par exemple, le dépistage systématique de la dépression périnatale combiné à une intervention visant à soutenir l’interaction mère-enfant s’adresse à une population de femmes enceintes et de mères de jeunes enfants. Cette mesure cible les facteurs de protection liés au soutien social, en plus des facteurs de risque suivants : les facteurs biologiques négatifs et le stress. Les stratégies d’intervention de la Charte privilégiées sont liées aux aptitudes individuelles et aux services de santé.

D’autres interventions, comme celles qui visent à soutenir le développement des communautés, ciblent une population plus large de jeunes et d’adultes et agissent sur les facteurs de risque et de protection de toutes les catégories, à l’exception des facteurs biologiques négatifs. Elles puisent dans les cinq types de stratégies de la Charte.

L’avis de l’INSPQ présente ainsi 24 mesures diverses. Cette liste n’est pas exhaustive, néanmoins le modèle peut être appliqué à toute autre intervention de promotion de la santé mentale ou de prévention des troubles mentaux. À la lueur de cette lecture, pensez-vous que l’on pourrait utiliser un tel modèle pour identifier ou planifier des interventions promotionnelles et préventives?

 

3 commentaires pour "L’INSPQ propose un modèle"

  1. Il ne fait aucun doute que ce modèle peut être utilisé pour identifier ou planifier des interventions promotionnelles et préventives. Ce modèle peut s’appliquer pour des programmes destinés aux différents systèmes écologiques entourant l’individu incluant les caractéristiques individuelles, le milieu de vie et l’environnement. Les principes d’optimisation des facteurs de protection et de minimisation des facteurs de risque sont intuitifs et intelligibles dans l’optique de la planification d’interventions en promotion et prévention de la santé mentale.

    Cependant, suite à une discussion avec Madame Desjardins au sujet du modèle, il apparaît que certains éléments suscitent néanmoins quelques questionnements. De fait, il est légitime de s’interroger sur la décision de limiter les aspects préventifs à certains facteurs particuliers seulement. N’est-il pas possible de mettre sur pied des interventions préventives pour limiter l’exclusion sociale ou encore pour favoriser un environnement adéquat par exemple? Dans la même perspective, pourquoi avoir dédoublé les facteurs relatifs à l’inclusion et à l’environnement à la fois dans les facteurs de risque et de protection. Il s’agissait bien entendu d’une décision avisée, mais on peut se questionner sur la pertinence de cette réplication.

    Sommes toute, ce modèle constitue tout de même une base théorique solide dans le développement et l’évaluation d’interventions en santé mentale. Chacune des interventions recensées dans l’AVIS en fait état et présente les facteurs visés par l’approche. L’exercice d’application des facteurs aux interventions les plus efficaces vient confirmer les fondements du modèle. Toute nouvelle intervention en promotion et prévention pourra dorénavant être construite en fonction des caractéristiques de ce modèle.

     
  2. Le modèle conceptuel proposé met en exergue le fait que les interventions de promotion et de prévention de la santé mentale peuvent être ciblées à différentes échelles (population, collectivité, individus) et avoir un impact sur plusieurs catégories de facteurs. Le développement d’un tel modèle permet de préciser les cibles d’actions à privilégier. Cette approche par catégorie permet de prévoir l’effet entrainé par un changement dans une partie du système sur une autre partie du système. Cette dernière prône donc l’importance d’agir à différents niveaux systémiques. De plus, le modèle offre une analyse dotée d’une perspective écologique puisqu’il porte attention aux interactions entre les dimensions environnementales et individuelles. On devine également une approche développementale qui reconnait l’ensemble des influences pouvant agir sur le développement de l’individu capable d’affecter la santé mentale de ce dernier.

    Malgré ces considérations positives, la santé mentale reste un vaste concept autour duquel gravitent d’autres variables et facteurs de confusion susceptibles d’influencer cette dernière. L’ensemble des paramètres qui lui sont associés n’est donc pas représenté de manière exhaustive au travers de ce modèle. Outre le fait de questionner l’approche d’un tel modèle en santé mentale, il convient de prendre en considération le point de départ du problème des approches de prévention et promotion en santé mentale.

    En effet, la non-uniformité et le manque de normalisation des concepts dans le domaine de la prévention et de la promotion est un problème important. L’approche en santé mentale devrait donc élaborer une vision globale qui tienne compte des différents secteurs (services sociaux, éducation, milieu de travail) afin d’éviter des sens nouveaux aux concepts à l’étude, rendant alors difficile d’intégrer des données qui couvrent plusieurs secteurs. Une uniformité dans les concepts ainsi que dans la mesure de ceux-ci permettraient d’éclairer les décisions en matière d’interventions.

    De plus, pour pallier aux difficultés émises par le processus décisionnel ayant trait aux choix des interventions, l’approche proposée par un tel modèle, approche davantage centrée sur l’efficacité des interventions, pourrait être enclin à introduire une dimension économique relatif au rendement du capital investi. Et ce pour autant que l’analyse économique tienne compte de l’incidence des déterminants sociaux généraux de la santé. La valorisation d’une analyse économique de programmes de promotion et prévention permet de justifier les investissements et de faire des choix entre les différentes interventions La prise en considération de l’incidence économique permet sans nul doute une évaluation plus facile et rapide contrairement à une analyse centrée sur les avantages qui peuvent être perçus tardivement. J’émets alors quelques doutes quant au bienfondé de choisir un programme qui permette de mieux optimiser les ressources sur la base d’une appréciation sur l’efficacité des interventions uniquement.

     
  3. Le modèle proposé par l’INSPQ paraît intéressant pour identifier, étudier et planifier des interventions en promotion et en prévention de la santé mentale. Ce cadre théorique peut parfois susciter des discussions quant au niveau de la définition de la prévention et de la promotion et de ces champs d’application. Quoi qu’il en soit, ce modèle illustre bien les nouvelles tendances en matière de santé qui visent à la fois l’individu mais aussi tout son environnement.

    Donc ce cadre conceptuel propose une perspective globale pour les interventions qui touchent différentes sphères. Lorsqu’on veut faire de la promotion et de la prévention de la santé mentale, il faut prévoir diverses stratégies à différents niveaux tel que souligné par La Charte d’Ottawa En effet, ce diagramme démontre bien que le développement des individus est influencé par son environnement et les aspects sociaux et ce à différents niveaux. On parle d’approche écologique, qui vise à intervenir davantage sur les aspects du contexte de la personne plutôt que sur elle-même seulement. On tente de s’éloigner du cadre traditionnel du traitement médical. Les intervenants de santé gagnent à considérer davantage cette approche à voir à l’applicabilité de ces principes dans le quotidien. Bien souvent, on considérant les aspects sociaux de la personne, les interventions deviennent plus pertinentes et plus efficaces.

    À mon avis, ce modèle proposé par l’INSPQ est un point de départ pour aider les intervenants de santé dans leurs réflexions en matière de promotion et de prévention de la santé.

     

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.




* Champs obligatoires