Pourquoi favoriser la collaboration entre les membres de la famille et les intervenants?

De plus en plus, on s’entend pour dire que les membres de la famille jouent un rôle primordial lorsqu’il est question de soutenir une personne devant composer avec un trouble mental, puisque dans 60 % à 70 % des cas, ils sont la principale source de soutien. Si de tout temps les membres de la famille ont joué un rôle informel de soutien lorsque l’un des leurs vivait une situation de vulnérabilité causée par les manifestations d’un trouble mental, force est de constater qu’ils occupent désormais un rôle de première ligne. Depuis 1989, année de l’adoption de la première politique sociale en matière de santé mentale, un partenariat avec la famille des personnes atteintes de troubles mentaux est particulièrement souhaité, et cette idée a été réitérée plus récemment dans le cadre des orientations du Plan d’action en santé mentale (PASM) 2005-2010. Si ces orientations ministérielles interpellent les membres de la famille appelés à jouer un rôle de soutien plus marqué dans un contexte de non-institutionnalisation et d’hospitalisation en dernier recours, nous sommes encore loin d’une reconnaissance réelle du rôle de partenaire « à part entière ».

À bien des égards, favoriser une relation de collaboration réelle entre les membres de la famille et les intervenants peut être bénéfique sur de nombreux plans. D’abord, force est d’admettre que les membres de la famille sont les seuls acteurs en mesure d’assurer une présence et un soutien continus auprès de la personne atteinte. Dans 30 % à 50 % des cas, ce sont les membres de la famille qui font les premières demandes d’aide et établissent le premier contact avec les services de santé.  Ils détiennent également une expertise unique par rapport aux intervenants : ils connaissent bien la personne qui doit composer avec un trouble mental. En mettant à profit leur contribution à l’intervention, au même titre que celle des intervenants et de la personne atteinte, il devient envisageable de concevoir des services et des interventions mieux adaptés au besoin de chacun, particulièrement en entraînant une diminution réelle de la charge associée à l’exercice du rôle de soutien. Collaborer avec les membres de la famille comporte également des avantages pour les équipes d’intervenants, puisque cela permet de répartir la responsabilité de l’intervention entre tous les acteurs concernés. Au lieu de travailler à contre-courant, collaborer invite à « rouler en tandem avec les membres de la famille » dans un but commun et partagé : un mieux-être et le rétablissement de la personne atteinte. L’établissement d’une relation de collaboration exige que la relation entre les membres de la famille et les intervenants soit repensée, ce qui est sans doute plus facile à dire qu’à faire. Comment en arriver à une reconnaissance de l’expertise expérientielle des membres de la famille? Comment partager le pouvoir et les responsabilités de l’intervention sans que cela soit « nuisible » à la personne atteinte? Comment promouvoir et reconnaître la contribution des membres de la famille tout en n’oubliant pas que ceux-ci ont également besoin de soutien? Ce sont là quelques pistes de réflexion, dans l’espoir que ce blogue sera un lieu de partage et de découverte de façons créatives et inspirantes de travailler avec les membres de la famille dans le domaine des pratiques en santé mentale.

 

3 commentaires pour "Pourquoi favoriser la collaboration entre les membres de la famille et les intervenants?"

  1. bonjour, juste un petit mot pour ce soir : je suis infirmière en psychiatrie à Rennes en Bretagne et avec un psychiatre nous avons tous 2 créé un centre ressource familles et troubles psychotiques. cela fait plus de 10 ans que nous accompagnons de différentes manières les familles touchées par la maladie psychique d’un proche.
    si cela intéresse, je pourrais une autre fois développé sur ce que nous faisons pour soutenir et travailler avec les familles
    a bientôt
    laurence

     
  2. La famille est une constance importante dans la vie du client. Elle représente ses aidants naturels et donc son soutien continu. La famille connait bien le malade. Donc, les soins de santé centré sur le patient et la famille est une approche de planification, de prestation et d’évaluation des soins de santé fondée sur la collaboration mutuellement avantageuse pour les patients, les familles et les professionnels de la santé. De ce fait, Cette collaboration permet d’intégrer les patients et leurs familles dans la prise de décision et dans la planification des soins. Selon l’OMS, en cas de maladie mentale, les professionnels ont beaucoup à gagner d’un partenariat instauré dès le départ avec la famille. Ainsi, ce partenariat commun permet d’aborder toutes sortes de questions en rapport avec la maladie, de connaitre les réactions de la famille et de formuler un plan thérapeutique efficace. L’avantage pour la famille est d’apprendre à résoudre les problèmes afin de mieux s’occuper du malade. Je pense que, favoriser la collaboration entre des intervenants et la famille permet le partage de pouvoir, d’informations et de connaissances et donc cette perspective paternaliste et autocratique des soins d’autrefois n’existera plus. Il laisse plutôt place à l’interdépendance, c’est à dire la reconnaissance des forces, de l’expertise et les ressources des deux corps. Cependant, selon l’INSPQ, les aidants naturels ont des risques accru de souffrir de problèmes de santé mentale ou physique. De ce fait, en collaborant avec la famille, on ne prends pas juste soin du client, mais de sa famille aussi.

     
  3. La collaboration entre les intervenants et les clients améliore la santé de ceux-ci ainsi que la qualité des soins (1). Cette collaboration repose sur la motivation des deux parties. Mais concernant la santé mentale, le client en perte d’autonomie, est représenté par l’aidant-naturel. C’est lui qui administre les soins au malade, fait son suivi quotidien et recherche les services pour son cheminement. Malheureusement il est souvent sans informations. Il revient alors à l’intervenant de l’informer non seulement sur la pathologie du malade mais aussi sur les risques qu’il encourt et les possibilités qui s’offrent à lui en cas de besoin. L’intervenant doit donc voir en l’aidant-naturel, l’intermédiaire privilégié qui lui permettra d’atteindre son objectif qui est le rétablissement de la santé mentale de son client. Il doit reconnaître son rôle afin de le maintenir motivé et de prévenir les troubles de santé mentale vu que l’aidant-naturel est enclin à un épuisement physique et psychologique. Si l’aidant-naturel se retrouve sans soutien, il risque d’avoir une interruption dans l’accompagnement du malade. Informé et soutenu, l’aidant-naturel est alors outillé pour accompagner le client dans son cheminement thérapeutique. Tout en étant un soutien, il est lui-même un potentiel malade qui se doit d’être suivi avec attention. Ainsi, cette collaboration s’avère apodictique ; elle stabilisera l’aidant-naturel qui pourra à son tour pleinement apporter un soutien psycho-affectif à son proche souffrant de troubles de santé mentale.

    (1) Berwick DM, James B, Coye MJ. Connections between quality measurement and improvement. Med Care. 2003;41(1 Suppl):I30-8. PubMed PMID: Medline:12544814.

     

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