4e rapport du Commissaire à la santé et au bien-être : quelles leçons en tirer?

La mission du Commissaire à la santé et au bien-être est de contribuer à l’amélioration de la santé et du bien-être de la population québécoise au moyen d’évaluations du rendement du système de santé et de services sociaux de la province, ainsi que de la diffusion de renseignements permettant d’orienter les débats de société et le processus de prise de décision du gouvernement. En décembre 2012, le commissaire a déposé son 4e rapport d’évaluation portant sur le rendement du système québécois de santé mentale.

Le rapport du commissaire cible cinq domaines prioritaires d’intervention où des démarches devraient être entreprises afin d’améliorer le rendement du système : diminution de la stigmatisation sociale reliée à la santé mentale, promotion de la santé mentale et prévention des troubles mentaux (particulièrement chez les jeunes), renforcement des soins de première ligne en santé mentale, accroissement de l’accès à la psychothérapie et engagement accru du gouvernement en matière de santé mentale en vue d’établir une culture d’amélioration continue. Le rapport et ses recommandations arrivent à un moment crucial, car la réflexion a déjà été entamée sur les domaines prioritaires d’intervention devant faire partie du nouveau plan d’action provincial en santé mentale. En quoi le rapport du commissaire viendra-t-il éclairer ces réflexions?

Au cours des dernières années, le gouvernement a déjà mentionné que le nouveau plan d’action inclurait plusieurs objectifs prioritaires, dont ceux de continuer à soutenir les services de soins de première ligne en santé mentale, d’abolir les barrières entre les prestataires afin d’améliorer les liens et la coordination entre ceux-ci, de favoriser le diagnostic précoce des troubles mentaux et d’investir dans la prévention des problèmes de santé mentale et dans les soins conséquents des enfants et des jeunes. Les recommandations du commissaire appuient entièrement ces orientations stratégiques. Toutefois, en ce qui a trait aux efforts du gouvernement pour réduire la stigmatisation associée à la santé mentale, le rapport insiste sur la nécessité de recentrer l’attention et les ressources sur les professionnels actuels du système de santé, au lieu de mettre en place des initiatives destinées au grand public. Le rapport souligne également l’importance cruciale de rendre les traitements non pharmacologiques plus accessibles partout dans la province. Si cette tâche doit être accomplie, elle nécessitera de longs débats, de la détermination et de l’ascendant de la part du gouvernement et de ses partenaires.

Parmi toutes les leçons pouvant être tirées de ce rapport, la plus importante est que toute bonne politique doit être mise en application de façon adéquate, faute de quoi elle ne saurait être bénéfique. Malgré les excellentes intentions du plan d’action en santé mentale de 2005, le rapport du commissaire revient souvent sur la mise en œuvre incomplète de plusieurs des initiatives fondamentales qu’il comptait, par exemple le guichet d’accès, les équipes de soins de première ligne en santé mentale, les professionnels répondants, les agents de liaison, les équipes de suivi intensif dans la communauté, etc. Évidemment, une transformation du système de cette ampleur est un processus complexe et le fait de décider de quelle façon procéder à ce changement est aussi important que de déterminer quels sont les éléments à changer. Il serait judicieux d’établir une stratégie globale afin de soutenir la mise en application du nouveau plan d’action, de suivre son progrès et d’augmenter les probabilités que tous puissent un jour bénéficier d’un système de santé mentale efficace, efficient et équitable.

 

2 commentaires pour "4e rapport du Commissaire à la santé et au bien-être : quelles leçons en tirer?"

  1. Merci pour ce blogue. J’ignorais que nous avions un commissaire à la santé et au bien-être au Québec.

    Je salue la mention dans le rapport des questions d’organisation des services et l’importance de réaliser ce qui a déjà été mentionné dans les autres plans d’action. Par contre, je suis quelque peu déçue car encore une fois, on y a évacué l’essentiel, soit la promotion de la santé.

    Comment peut-on parler du rendement du système de santé mentale en omettant de parler des conditions à mettre en place pour favoriser la saine santé mentale des citoyens?

    On parle dans ce rapport de l’importance du rôle des médecins de famille mais ceux-ci ne peuvent être la porte d’entrée du système de la santé mentale puisque 50% de la population n’a pas accès à un médecin de famille! SVP noter qu’ils sont 7 fois moins nombreux que les infirmières…

    On se pose constamment la même question: comment répondre à la demande de soins de santé mentale? Mais quand nous posons-nous la question: comment diminuer la demande en soins de santé mentale?

    En travaillant sur les déterminants de la santé (ce qui n’est pas que l’affaire du MSSS), on réduirait la demande. Cela couplé à une meilleure organisation des services de première ligne aiderait grandement!

    Geneviève McCready
    Infirmière scolaire

     
  2. Matthew Menear

    Merci Geneviève de votre commentaire.

    Voici un extrait du rapport du Commissaire à la santé et au bien-être du Québec :

    « La promotion et la prévention sont des thèmes incontournables. Malgré le fait qu’une part non négligeable des ressources doit être consacrée à soigner, il ne faut pas oublier l’importance de la prévention de la maladie mentale, en raison de ses effets à long terme non seulement sur la santé et le bien-être de la population, mais aussi sur les coûts assumés par le système de santé et de services sociaux et l’ensemble de la société.

    […] La promotion d’une bonne santé mentale est le gage d’un tissu social renforcé. Dans une société solidaire envers les personnes aux prises avec des troubles mentaux, ceux-ci ne sont plus perçus comme une tare, mais plutôt comme une opportunité d’ouverture vers l’autre, qui appelle notre soutien et notre écoute. Ainsi, l’atteinte d’une bonne santé mentale pour l’ensemble des citoyens devient un objectif socialement partagé, un bien commun à rechercher et à promouvoir. Le MSSS a un rôle clé à jouer à cet égard et doit transmettre un message clair quant à l’importance que notre société doit accorder à la promotion de la santé mentale et à la prévention de la maladie mentale. » (p. 138-139)

    À mon avis, l’importance qu’accorde le commissaire à la promotion de la santé mentale et à la prévention des troubles mentaux ressort très clairement dans le rapport. En effet, l’une de ses recommandations principales est que le Québec se dote d’une nouvelle stratégie de promotion et de prévention mettant l’accent sur les enfants et les jeunes de moins de 25 ans. Le commissaire a aussi décelé plusieurs signes de progrès en matière de promotion et de prévention, par exemple :

    • les activités de promotion et de prévention efficaces présentées dans le Programme national de santé publique qui sont reprises dans les plans d’actions régionaux de santé publique et mises en œuvre dans la plupart des CSSS,
    • la baisse du taux de suicide au Québec au cours des quinze dernières années,
    • les projets pilotes soutenus par les agences gouvernementales et le MSSS pour les groupes vulnérables tels que les hommes en crise et les jeunes de 15 à 25 ans,
    • les campagnes d’information et de sensibilisation à la prévention des dépendances à l’alcool, aux drogues et aux jeux de hasard chez les jeunes autochtones,
    • les programmes comme « Écoles en santé » et « Entreprises en santé », qui favorisent la santé mentale et physique des individus dans leur milieu de vie.

    Malgré ces initiatives, le commissaire a appelé le MSSS à jouer un rôle plus important en matière de promotion et de prévention tout en développant les collaborations intersectorielles nécessaires afin d’agir sur les déterminants de la santé. Ces activités sont importantes, non seulement pour diminuer les pressions sur notre système de santé, mais aussi pour favoriser le bien-être de l’ensemble de notre société et en assurer la prospérité.

     

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