Pourvoir le Québec d’infirmières praticiennes spécialisées en santé mentale… cela va de soi!

En 2011, cinq constituantes du réseau de l’Université du Québec (UQ) démarraient une maîtrise en sciences infirmières en santé mentale et soins psychiatriques. À l’instar des infirmières praticiennes spécialisées en soins de première ligne ou dans d’autres spécialités, le rôle d’infirmière praticienne en santé mentale et psychiatrie (IPS-SM/PSY) allait de soi. Malheureusement, celui-ci était bien loin d’être ficelé dans les instances ministérielles et encore moins dans les plans de nos collègues psychiatres. Les questions épineuses concernant le type d’infirmières à privilégier se sont succédées, à savoir si le titre d’infirmière clinicienne spécialisée devait être créé à défaut de pouvoir espérer le développement du rôle d’IPS-SM/PSY, ou si ni l’un ni l’autre n’allait voir le jour en raison de la confusion qui entourait ces catégories d’emploi.

Le réseau de l’UQ a démarré un programme de maîtrise malgré l’incertitude qui planait concernant les avenues liées au développement de la pratique avancée en santé mentale au Québec. Était-ce une bonne décision? Rappelons que les infirmières étaient nombreuses à exprimer leurs besoins de formation en santé mentale. L’idée était d’offrir un programme disciplinaire de grande qualité, de niveau supérieur, mieux adapté qu’un cumul éventuel de certificats ou d’autres diplômes dans des domaines connexes. Il était crucial que les objectifs de ce programme soient cohérents avec les nouvelles orientations ministérielles qui transformaient indubitablement le système de la santé. De plus, il pouvait s’appuyer sur les compétences infirmières précisées par d’importants travaux menés par l’OIIQ, rassemblant des experts des différents milieux cliniques et de formation. La maîtrise actuelle prépare judicieusement les infirmières à contribuer efficacement à relever les défis majeurs posés par les besoins importants et complexes en santé mentale de la population. Elle tient parfaitement la route en lien avec les recommandations et actions concrètes issues de l’éloquent Rapport d’appréciation de la performance du système de la santé et de services sociaux paru en 2012.

Près de 70 étudiantes ont été admises au programme de maîtrise. Huit d’entre elles prévoient graduer en avril 2014. Celles-ci seront autorisées à évaluer les troubles mentaux ou pourront devenir psychothérapeutes avec un complément de formation ou d’expérience déterminé selon leur situation respective. Plusieurs se sont engagées dans ce programme d’étude exigeant (495 heures de formation théorique et 540 heures de stage) dans l’espoir de devenir un jour IPS-SM/PSY. Parallèlement, plusieurs psychiatres et médecins désirent s’allier avec des IPS-SM/PSY pour augmenter l’accès à des soins de santé mentale de meilleure qualité. Les astres s’alignent bien pour concrétiser cette alliance gagnante pour tous, pourvu que les instances ministérielles exercent un leadership bien affirmé en ce sens et que nos collègues médecins et psychiatres en saisissent l’opportunité.

 

2 commentaires pour "Pourvoir le Québec d’infirmières praticiennes spécialisées en santé mentale… cela va de soi!"

  1. Le nouveau programme de maîtrise en sciences infirmières en santé mentale me semble très intéressant et est, d’après-moi, nécessaire. Selon l’OMS, la prévalence des troubles mentaux, située entre 13 et 30%, est en croissance (WHO, 2004). D’ailleurs, 20 à 25% des consultations médicales concerneraient les troubles mentaux, majoritairement la dépression et l’anxiété (Walters et al, 2008 ; Fleury et al., 2008). Depuis quelques années maintenant, le Ministère de la Santé et des Services Sociaux tente de développer et de raffiner davantage les services de première ligne, entre autres en santé mentale. Le Guide «Faire face à la dépression au Québec : Protocole de soins à l’intention des intervenants de première ligne» publié par l’INSPQ en 2012 en est un exemple concret. Ce guide, créé à l’intention des omnipraticiens, psychologues et personnel infirmier de première ligne, se veut un outil de référence pour une intervention efficace en matière de dépression. Si les chercheurs de l’INSPQ ont jugé nécessaire l’élaboration d’un protocole d’intervention en dépression, c’est qu’une bonne partie des consultations en santé mentale au Québec se font en première ligne, entre autres auprès des infirmières. Autrement dit, les gens préfèrent parler de leurs difficultés psychologiques à leur médecin de famille ou à l’infirmière qui les reçoit par exemple, qu’à un spécialiste directement. Ainsi, un personnel infirmier mieux formé en santé mentale ne sera que bénéfique pour les patients, car elles pourront mieux évaluer les besoins de ceux-ci et ainsi mieux les orienter vers des ressources et services spécialisés qui seront appropriés pour leur situation.

    Sources :
    FOURNIER, L., AUBÉ, D., ROBERGE, P., LESSARD, L., DUHOUX, A., CAULET, M., POIRIER, L. R., 2008, Vers une première ligne forte en santé mentale : Messages clés de la littérature scientifique, Institut national de santé publique du Québec.
    WALTERS, P., Tylee, A., Goldberg, D., 2008, Psychiatry in Primary Care, in Murray, R. M., Kendler, K. S., McGuffin, P., Wessely, S., Castle, D. J., eds., Essential Psychiatry, Cambridge Medicine, 479-497.
    WHO, 2004, World Mental Health Survey Consortium, Prevalence, Severity, and Unmet Need for Treatment of Mental Disorders in the World Health Organisation Mental HealthSurveys, Journal of American Medical Association, 291, 2581-2590.

     
  2. Claire Page

    En effet, la formation des infirmières est très importante. En fait, la formation des infirmières cliniciennes met beaucoup d’accent sur la relation thérapeutique, l’éducation thérapeutique, la prévention dans la visée d’une approche holistique intégrant les soins de santé physique et mentale. Il semble que plusieurs infirmières pourraient mettre bien davantage à profit les connaissances et les compétences qu’elles ont acquises durant leur formation ou leur pratique. Si toutes occupaient pleinement leur champ d’exercice professionnel et utilisaient toute la gamme de leurs compétences, les soins de santé mentale pourraient être améliorés, j’en suis convaincue. Aussi, il faut faire en sorte que les infirmières en santé mentale exercent en beaucoup plus grand nombre dans les services de première ligne (urgences, GMF…). Comment y arriver?

     

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