Culture et ouverture pour comprendre et traiter la souffrance psychologique

Au moment où je rédige ce billet, je songe à la discussion que j’ai entretenue avec Bruno Falissard, pédopsychiatre et professeur de biostatistique à l’Université Paris-Sud. Nous avons notamment parlé d’un de ses mandats à titre de président de l’IACAPAP (International Association for Child and Adolescent Psychiatry and Allied Professions), qui l’amène à voyager partout dans le monde pour découvrir les différentes modalités de prise en charge des troubles psychiatriques chez les enfants et les adolescents.

À l’heure de la mondialisation et de l’uniformisation, la question se pose à savoir si le sujet moyen statistique de la médecine fondée sur des données probantes (Evidence Based Medicine), tant plébiscité dans la littérature mondiale scientifique, ressemble vraiment aux patients vus en clinique. Cette tension entre le monde de la science et celui de la clinique est actuellement une vraie préoccupation en médecine et, en particulier, en psychiatrie.

Comme le souligne Bruno Falissard, certains pensent que par définition le discours scientifique est un discours de vérité, tandis que le discours non scientifique serait un discours erroné qui ne devrait pas être écouté. Ses voyages partout sur la planète, plus particulièrement en Asie et en Afrique, lui ont fait un peu plus réaliser combien il y avait de façons bien singulières d’accompagner les personnes souffrant de maladies psychiatriques. Selon lui, il est important de conserver la diversité existante en psychopathologie avec des approches telles que la psychanalyse ou la phénoménologie pour soutenir la médecine fondée sur des données probantes ou les neurosciences. Celles-ci doivent être considérées comme une chance et non pas comme un obstacle.

Ce discours de Bruno Falissard est rafraîchissant et il est bon de rappeler qu’en médecine, il n’y a aucune théorie qui expliquerait ce qu’est un sujet malade qui souffre sous toutes ses facettes. « Nous avons donc, dit-il, un devoir de culture et d’ouverture. Nous devons lire et écouter, même si ces conceptions de l’homme nous irritent parfois et nous dérangent. » Cette approche m’inspire beaucoup en ce début de carrière de chercheur. Et vous, dans votre pratique de gestionnaires, cliniciens ou chercheurs en santé mentale, comment abordez-vous cette singularité des patients psychiatriques qui ne peut se résumer à des cerveaux ou à des sujets moyens?

 

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