Mise en œuvre de soins hiérarchisés, une étude de cas

Au Québec, le plan d’action en santé mentale (PASM) 2005-2010 propose une réorganisation des services en santé mentale basée sur une hiérarchisation des soins. Cette hiérarchisation consiste à déterminer les soins offerts et les clientèles desservies par les différents prestataires de services, de même que les mécanismes de gestion des interfaces entre les niveaux de soins. Elle a pour objectif d’améliorer l’efficience du système de soins en favorisant une meilleure complémentarité entre les prestataires de services et en assurant une continuité accrue des soins entre ceux-ci.

Le modèle proposé par le PASM est comparable aux modèles de soins en étapes retrouvés dans la littérature scientifique. La mise en œuvre d’un tel modèle peut s’avérer complexe, car cela suppose la restructuration de l’organisation des services en place et la collaboration d’acteurs peu habitués à travailler ensemble. Dans ce contexte, l’utilisation de cadres de référence peut s’avérer pertinente afin d’éviter les écueils inhérents à la mise en place d’un tel changement.

Dans le cadre de mon mémoire de maîtrise[1], j’ai réalisé une étude de cas dans un CSSS de Montréal en utilisant deux cadres de référence qui ont permis d’analyser la mise en application des soins hiérarchisés dans ce territoire.

Premièrement, le modèle de soins hiérarchisés en place a été comparé aux modèles de soins en étapes dont fait état la littérature scientifique, ce qui a permis de constater qu’ils s’apparentent sur plusieurs points. Par exemple, le modèle mis en place se base sur une approche populationnelle; présente un continuum de services; et explicite les soins offerts par les différents prestataires de services. Toutefois, il propose des interventions pour un ensemble de troubles mentaux plutôt que pour des troubles spécifiques, et la hiérarchisation à même le continuum n’est pas disponible. Enfin, le modèle mis en place comprend des critères pour faciliter l’orientation des clients, mais aucun outil objectif ne permet de les évaluer ni de faire un suivi systématique de la réponse au traitement.

Deuxièmement, les facteurs contextuels et organisationnels facilitant ou entravant la mise en place des soins hiérarchisés ont été analysés en fonction du modèle de Champagne[2]. Parmi ceux-ci, plusieurs facteurs facilitants étaient présents, comme la perception positive face au modèle instauré, la concertation et un leadership collectif entre les établissements, et la constitution de lieux d’apprentissage collectifs permettant la discussion et l’expérimentation du modèle de soins hiérarchisés. Par contre, certains éléments, comme l’uniformisation des critères et des mécanismes de référence, la clarification du rôle du guichet d’accès, et l’intégration des omnipraticiens au modèle de soins hiérarchisés, sont à prendre en considération pour favoriser la réussite de la mise en œuvre à long terme.

La mise en place fructueuse de soins hiérarchisés dépend de considérations à la fois cliniques et organisationnelles. De ce fait, cette étude de cas a montré que l’utilisation de cadres de référence peut s’avérer très précieuse pour soutenir ou pour analyser la mise en œuvre de la hiérarchisation des soins dans un territoire donné.


[1] Wilson, Véronique (2011). Facteurs contextuels influençant l’implantation d’un modèle de hiérarchisation des soins en santé mentale : une étude de cas en milieu montréalais. Mémoire de maîtrise. Université de Montréal.

[2] Champagne, François (2002). La capacité de gérer le changement dans les organisations de santé. Commission sur l’avenir des soins de santé au Canada. Étude no 39.

 

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