L’équité : elle affecte notre santé mentale

Les collectivités racialisées et indigènes sont souvent confrontées à des barrières systémiques qui ont une incidence sur chacun des déterminants sociaux de la santé. Elles doivent faire face à ces barrières pour accéder au marché du travail, aux soins de santé et aux occasions de formation. De plus, elles sont souvent incapables de trouver des services offerts dans leur langue maternelle, elles sont surreprésentées dans notre système de justice et elles sont souvent confrontées à de la discrimination dans leurs interactions avec les services policiers et les cours de justice, ce qui se traduit par un impact négatif sur leur santé mentale.

À l’échelle nationale, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) a établi un schéma directeur pour résoudre ces problèmes d’équité en santé mentale. Dans la Stratégie en matière de santé mentale pour le Canada publiée en 2012, la CSMC définit six orientations stratégiques, dont deux sont particulièrement axées sur les collectivités historiquement marginalisées. Dans le rapport intitulé Arguments en faveur de la diversité  publié en 2016, la CSMC soutient également qu’un investissement dans des services de santé mentale et de toxicomanie culturellement adaptés constitue un moyen clé d’obtenir de meilleurs résultats chez les patients.

Pour aborder ces questions en Ontario, l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) a élaboré le cadre de référence Promouvoir l’équité en Ontario : comprendre les concepts clés. Maintenant offert en français, ce cadre établit trois relations dynamiques qui se chevauchent entre équité et santé mentale, soit :

  1. L’équité est essentielle à la santé mentale – compte tenu de l’accès réduit aux déterminants sociaux de la santé, les iniquités ont une incidence négative sur la santé mentale des individus et des collectivités. Les probabilités de vivre des problèmes de santé mentale et, dans certains cas, des troubles mentaux, sont plus élevées chez les groupes marginalisés. De plus, ceux-ci ont également un accès réduit aux déterminants sociaux de la santé qui constituent des éléments essentiels au rétablissement et à une bonne santé mentale.
  2. La santé mentale est essentielle à l’équité – Les problèmes de santé mentale et les troubles mentaux ont une incidence négative sur l’équité. Alors que la santé mentale constitue une ressource clé pour accéder aux déterminants sociaux de la santé, la stigmatisation historique et persistante a mené à la discrimination et à l’exclusion des personnes qui ont vécu des expériences de problèmes de santé mentale ou de troubles mentaux.
  3. L’équité et la santé mentale s’entrecroisent – Les personnes vivent souvent parallèlement des problèmes de santé et des iniquités additionnelles (comme la pauvreté, la racialisation ou l’homophobie). L’entrecroisement engendre des expériences uniques d’iniquité et de santé mentale qui se transforment en difficultés aggravées sur le plan de l’individu, de la collectivité et des systèmes de santé.

Ces problèmes ont une incidence sur trois groupes de population : 1) les personnes qui ont vécu une expérience de problèmes de santé mentale; 2) les personnes qui vivent de la marginalisation associée aux déterminants sociaux de la santé comme l’orientation sexuelle, la pauvreté, la racialisation et une invalidité; et 3) les personnes qui ont vécu une expérience de problèmes de santé mentale et qui vivent également une expérience de marginalisation associée aux déterminants sociaux de la santé.

Alors, de quelles façons ces iniquités peuvent-elles être résolues pour offrir du soutien aux groupes marginalisés? Voici ce que recommande l’ACSM :

  • Enchâsser l’équité dans la politique et la planification provinciales en matière de santé mentale en tenant compte des impacts de toute décision en matière de politique, de planification et de prestation de services sur les personnes qui ont vécu un problème de santé mentale et sur les autres populations marginalisées.
  • Élargir la base de données probantes en matière de problèmes d’équité en santé mentale au moyen de la cueillette de données de santé sociodémographiques, de l’échange de connaissances et de la création de nouvelles connaissances.
  • Favoriser la collaboration entre les personnes qui ont vécu un problème de santé mentale et les autres populations marginalisées, à l’échelle de la politique, de la planification et de la prestation de services.
  • Bâtir des collectivités saines en prenant des mesures pour lutter contre les répercussions des déterminants sociaux de la santé.
  • Lutter contre la discrimination, la stigmatisation et l’exclusion des personnes qui ont vécu un problème de santé mentale en mettant l’accent sur les droits de l’homme et les mécanismes d’accessibilité, tout en faisant la promotion de la sécurité du revenu et de l’accès à un logement abordable.

En envisageant de meilleurs résultats chez ceux et celles qui vivent des problèmes de santé mentale et de toxicomanie, l’ACSM a placé l’équité et la mise en place du cadre de référence comme facteurs de changement clés dans l’orientation de la politique provinciale et pour soutenir les personnes qui ont vécu un problème de santé mentale. Tandis que les décideurs politiques travaillent à réduire les barrières systémiques, les prestataires de soins doivent travailler afin de bâtir des principes d’équité dans leurs pratiques respectives en s’assurant que les barrières qu’il reste n’empêchent plus les gens d’avoir accès à des soins d’excellente qualité, au moment opportun et au bon endroit, idéalement tout près de celui où ils vivent.

 

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