Plaidoyer pour des recommandations sur l’activité physique favorables à la santé mentale!

L’activité physique amène des bienfaits pour la santé physique et la prévention de nombreuses maladies telles que le diabète et les maladies cardiovasculaires; je ne vous apprends rien!

L’activité physique apporte des bienfaits pour la santé mentale, le bien-être, la prévention des troubles de l’humeur; si vous ne le saviez pas, vous n’êtes probablement pas étonnés.

Les Directives canadiennes en matière d’activité physique (Société canadienne de physiologie de l’exercice, 2010) recommandent, pour tous les adultes de 18 et plus, « de faire chaque semaine au moins 150 minutes d’activité physique aérobique d’intensité modérée à élevée par séances d’au moins 10 minutes ». À l’instar de ces recommandations, les initiatives de promotion de l’activité physique en santé publique misent essentiellement sur ce message depuis plusieurs années : « bougez plus ». Or, si les recommandations visant à favoriser un mode de vie physiquement actif font consensus quant à leur efficacité pour la prévention de nombreuses maladies et conditions chroniques physiques, elles sont insuffisantes pour traduire toute la complexité des mécanismes selon lesquels l’activité physique entraine des bienfaits pour la santé mentale.

À l’heure actuelle, il n’existe aucune recommandation en activité physique spécifique à la santé mentale au Canada. Pourtant, on assiste à un intérêt grandissant dans les milieux scolaires, communautaires et de santé publique pour l’activité physique dans une perspective de promotion de la santé mentale et du bien-être, la prévention et le traitement des troubles anxieux, dépressifs et même des troubles psychotiques. Cet intérêt se traduit par une littérature scientifique de plus en plus abondante qui confirme l’efficacité d’interventions en activité physique pour la santé mentale. Aussi, plusieurs études récentes suggèrent que des éléments – autres que la fréquence, l’intensité, la durée – liés au contexte et aux motivations doivent être considérés lorsque l’on s’intéresse à la santé mentale :

Le contexte social de l’activité physique. À fréquence, durée et intensité égales, la pratique d’activités physiques au sein d’un groupe ou d’une équipe sportive amène des bienfaits pour la santé mentale supérieurs à la pratique individuelle. En effet, le contexte social de l’activité physique permettrait de favoriser les relations sociales qui sont susceptibles de renforcer le sentiment d’appartenance et le soutien social.

Les motivations intrinsèques et le plaisir. Faire de l’exercice pour le plaisir, pour être avec d’autres, pour se sentir bien et en santé sont des motivations intrinsèques, associées à des bienfaits pour la santé mentale. À l’inverse, être actif pour des raisons liées exclusivement à l’apparence physique ou pour obtenir l’approbation des autres n’entrainerait aucun bienfait sur la santé mentale. En fait, elles pourraient même occasionner des effets indésirables.

Alors, qu’attendons-nous pour formuler des recommandations en activité physique spécifiques à la santé mentale? Bougeons plus oui, mais aussi, bougeons ensemble et pour le plaisir!


Références :

Doré, I., O’Loughlin, J., Beauchamp, G., Martineau, M., & Fournier, L. (2016). Volume and Social Context of Physical Activity in association to Mental Health, Anxiety and Depression among Youth. Preventive Medicine, 91 : 344-350.

Kamimura, A., et al., (2014). The relationship between body esteem, exercise motivations, depression, and social support among female free clinic patients. Women’s Health 
Issues, 24(6): 656-662.

Doré, I. (2016). Activité physique et santé mentale chez les jeunes au collégial. (Thèse de doctorat en santé publique, option épidémiologie.) École de santé publique de l’Université de Montréal, 332 p.

 

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