La dépression chez les hommes : un mal caché et méconnu

Pendant longtemps, la dépression a été plus particulièrement associée aux femmes. Pour certains, « les vrais hommes ne font pas de dépression ». Cette croyance est abordée dans différents programmes de promotion de la santé qui questionnent les normes masculines traditionnelles. Une campagne de publicité nationale australienne pour contrer la dépression souligne cette réalité[1]. Les hommes plus traditionnels et rigides sur le plan des rôles de genre sont plus à risque de dépression et de suicide, et ils sont aussi plus difficiles à joindre par les services.

À plusieurs égards, la dépression chez les femmes et la dépression chez les hommes se ressemblent. En revanche, la manière d’exprimer et surtout de cacher la dépression est passablement différente entre les deux sexes. Malgré l’adoption de l’analyse différenciée selon les sexes[2], la dépression chez les hommes demeure méconnue, voire invisible. Pourtant, un grand nombre de personnes qui se sont enlevées la vie, présentaient des signes de trouble dépressif dans les jours précédant le passage à l’acte. Un tel passage est complété trois à quatre fois plus souvent par les hommes que par les femmes: 830 hommes et 233 femmes se sont suicidés au Québec en 2009. Cela équivaut à 16 autobus scolaires bondés. Si 16 accidents d’autobus causant la mort de tous les passagers se produisaient en une seule année, il y a fort à parier que le ministère des Transports serait en alerte et que tous les autobus de la province seraient immobilisés et minutieusement inspectés. Mais ces drames sont vécus dans l’ombre. Malgré des données probantes très préoccupantes, la spécificité de la dépression chez les hommes et l’urgence de s’en préoccuper doivent constamment être démontrées. Les efforts pour mieux connaître la dépression chez les hommes sont donc des contributions importantes à la prévention du suicide.

Au-delà des problèmes, il faut aussi mieux connaître les aspects positifs des masculinités. Ceux-ci peuvent servir de leviers d’intervention pour mobiliser les forces et les capacités des hommes et ainsi, contribuer à rétablir leur fonctionnement social et leur santé psychologique. Ce dossier propose un survol de la spécificité de la dépression chez les hommes, et des pistes d’intervention. Il souligne l’importance de tenir compte de la dimension de genre dans la recherche, l’intervention et la formation.


[1] Beyondblue : http://www.beyondblue.org.au/index.aspx?link_id=105.903

[2] Filles, femmes et éducation : http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/conditionfeminine/index.asp?page=analyse#quoi

 

Un commentaire pour "La dépression chez les hommes : un mal caché et méconnu"

  1. Bonjour,

    Je viens de lire l’article La dépression chez les hommes : un mal caché et méconnu (Publié le 5 janvier 2012 par Philippe Roy). J’aimerais avoir l’occasion de prendre connaissance du dossier abordant les éléments de spécificité de la dépression chez les hommes ainsi que les pistes d’intervention que vous y annoncez.

    Je suis intervenante et formatrice en santé mentale pour l’Association des proches de personnes atteintes de maladie mentale de l’Estrie (APPAMM-Estrie).

    Merci de l’attention que vous portez à ma demande,

    Valérie Vaillancourt

     

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